Jules, un kiné de Colfontaine, a été empoisonné par sa compagne pendant un an et demi
Jules, un kiné de Colfontaine, a été empoisonné par sa compagne pendant un an et demi
Durant près de 18 mois, Jules Caufriez a absorbé à son insu des médicaments psychotropes. – COM
Par G. M.
| Publié le 5/10/2020 à 08:01
Deux ans avec sursis. C’est la peine infligée ce vendredi à Fanny V. par le tribunal de Mons. La dame est donc coupable d’avoir, tous les jours entre mars 2014 et le 13 août 2015, fait absorber à son compagnon, à son insu, des médicaments psychotropes à base de benzodiazépines. Elle répond ainsi de lui avoir causé une incapacité de travail en lui administrant des substances qui peuvent donner la mort ou altérer gravement la santé. Ces substances, elle répond de se les être procuré en volant, notamment à l’hôpital de son compagnon, le carnet d’ordonnances d’un médecin. Et en photocopiant d’autres ordonnances.
Deux ans avec sursis : pour avoir empoisonné systématiquement son compagnon pendant 18 mois, elle n’aura pas purgé un jour de détention préventive. Car le temps a passé entre la grosse crise de la victime au paroxysme de sa descente aux enfers, et l’enquête qui a mis le doigt sur la responsabilité de la compagne de la victime.
6.960 comprimés…
Les attendus du jugement sont exemplaires, confie le défenseur de la victime, Me Frank Discepoli. « Le jugement mentionne que les faits sont graves, qu’ils se sont étalés sur une période infractionnelle importante, et que les conséquences ont été dramatiques pour son ex-compagnon, aux plans tant psychologique que physique. Le jugement tient compte des dénégations de la prévenue, qui a continué, y compris à l’audience, d’imputer à son ex-compagnon les raisons de son acte. »
Un total de 6.960 comprimés, somnifères à base de benzodiazépines essentiellement, qu’elle a fait ingurgiter à son insu à Jules Caufriez pendant 18 mois : « Le jugement, poursuit Me Discepoli, tient compte de ce que Fanny V a les compétences intellectuelles pour comprendre la portée dangereuse de ses actes, et cela d’autant plus qu’elle a absorbé le genre de médicaments qu’elle lui administrait. Elle en connaissait donc les effets. »
Reste les dédommagements, que Fanny V devra immanquablement payer au plan civil à son ex. À cause de son état second, Jules Caufriez a été un temps, fiché à la banque nationale, et relégué, au plan professionnel. ! Mais il se remet aujourd’hui.
Dimanche, Octobre 4, 2020 – 18:00
Fort de la vérité, Jules Caufriez veut tourner la page…
Monsieur Caufriez, quel est votre état d’esprit au jour du jugement ?
Je suis satisfait que la vérité n’est plus à prouver : mon ex-compagne m’a empoisonné pendant 18 mois. Mon bilan ? Cinq années de ma vie perdues à essayer de me reconstruire, à prouver le mensonge et la manipulation. Et elle a passé 5 années à vivre tranquillement, à se reconstruire une vie dans le mensonge. Mais j’ai appris qu’elle avait perdu son travail suite à la publication du procès dans la presse. Fanny V. échappe à la détention, mais s’en tire avec un casier judiciaire. Il appartient à la justice d’infliger la peine. Mon but était de prouver la vérité. Pour les enfants, je pense que c’est préférable ainsi. Déjà, une séparation normale est difficile à vivre pour un enfant. Je n’ose imaginer l’impact psychologique que cela aurait eu si j’avais dû les préparer à aller voir leur mère en prison.
Avez-vous pu cerner ses motivations ?
Non, pas du tout et c’est ce qui m’enrage encore aujourd’hui ! Jusqu’à l’audience, elle est venue dire à la juge que j’étais responsable parce que je ne faisais rien hors de sa présence ! Or, quand elle a commencé – me droguant de sorte que j’étais complètement perdu en plein jour-, nous venions précisément de parachever notre projet commun : un centre de remise en forme, à la rue Grande Campagne à Colfontaine. Nous y avions posé chaque brique ! Un centre où nous travaillions ensemble. Je me suis alors retrouvé dans un état de fatigue extrême, que mes connaissances imputaient à mon travail dans ce bâtiment. Moi-même j’ai pensé que j’étais juste fatigué. J’étais loin de penser qu’elle était responsable !
Et cet état a-t-il nui à votre travail à l’hopital ?
Oui, car mes collègues ne me reconnaissaient plus. J’oubliais des choses, je répétais mes phrases, j’oubliais tout, j’étais dans le cake total. Un jour je me suis endormi au travail. Mes collègues imaginaient toutes sortes de possibilités : étais-je atteint d’une maladie grave ? Est-ce que je me droguais ? Mais jamais mes collègues n’ont pensé que Fanny V était responsable de mon état ! Un temps, j’ai perdu mon poste de référent au service Orthopédie. Mais depuis, j’ai reçu le soutien de mes collègues.
Et dans la vie privée, comment cela se passait-il ?
Fanny était pleine de sollicitude envers moi ! Elle m’apportait mon draineur à l’artichaut, qu’un médecin nutritionniste m’avait prescrit après avoir décelé des problèmes au foie. Je le buvais en confiance… et j’allais de plus en plus mal. Forcément : elle y plaçait mes médicaments à mon insu ! Tout en se montrant toujours compréhensive… Nous sommes même partis en vacances ensemble avec les enfants, je conduisais… Elle a pris le risque que je mette ma famille en danger, on aurait pu avoir un accident ! »
Sans parler des problèmes administratifs ?
Pendant tout ce temps, Fanny V a caché mes courriers, mes factures… La police a tout retrouvé lors de la perquisition. J’ai eu une année complète de lois sociales à régulariser. J’ai toujours eu confiance en elle quand elle m’assurait que tout était payé. Elle avait mes cartes. Nous ne regardions pas à ça… On se demande toujours : « pourquoi ? » Oui, et cela me met en rage ! Voilà des années que je me bats pour connaître la vérité. Grâce à la vérité judiciaire, je ferme définitivement ce chapitre du livre de ma vie. Mon honneur est rétabli, j’en suis heureux, au nom de nos enfants. Jamais je n’ai été un compagnon et un papa violent. Tout le monde doit le savoir ! Et au passage, je remercie Me Discepoli pour son soutien efficace.
Propos recueillis par G. M.