Colette, l’enfant martyr devenu esclave
Colette, l’enfant martyr devenu esclave
| PUBLIÉ LE 10/09/2020 À 00:00
• Lecture ZEN
« Après trois jours d’audience, je me demande si je vis bien au 21e siècle. Je me demande parfois si Colette Daully n’est pas un personnage de fiction tiré d’un roman du 19e. Mais non. Cela s’est passé près de chez nous, où il y a encore des esclaves, dont le corps et l’esprit sont soumis à un tyran. Elle a été exécutée pour avoir voulu se libérer de ses chaînes. Elle méritait un peu de bonheur, elle qui avait connu la violence et les attouchements de son père, l’indifférence de sa mère », a déclaré Me Franck Discepoli en début de plaidoirie.
À l’âge de 16 ans, Colette pensait quitter ce monde-là en rencontrant Christian Colpin. « Elle pensait que son malheur était derrière elle. Elle voulait fonder une famille, avec une première fille née sept mois après le mariage, avec un mari aimant. Malheureusement, elle est passée d’enfant martyr à épouse esclave. Christian Colpin lui a confisqué son bonheur. Il l’a trompée durant quarante ans avec la même femme, n’hésitant pas à s’en vanter, maltraitant cette dernière. »
Colette Daully a été privée de sa féminité, de toute vie sociale « au point que ses propres sœurs ne l’ont plus vue pendant trente ans, alors qu’elles étaient unies dans le malheur. Elles ne voulaient pas que leurs enfants voient comment Christian se comportait avec Colette ».
L’accusé a même réussi à séparer son épouse de ses trois filles, poursuit l’avocat. « Elles ont raconté un dixième de l’horreur qu’elles ont vécue devant la cour, s’excusant de ne pas avoir pu sauver leur mère, elle qui avait longtemps fermé les yeux. »
La violence verbale était présente chaque jour. « Il a traité sa femme comme une moins que rien, durant cinquante ans, c’est de la violence avec un grand V. »
En novembre 2017, Colette a décidé de quitter le domicile familial, sa première grande décision qui lui a valu une balle dans la nuque. « Elle a été abattue comme un chien et il sait comment tuer des animaux. Dire que si elle est morte, c’est parce qu’elle l’a cherché, est une insulte ultime à la mémoire de Colette. »
Il ajoute : « Si Colette est revenue, après l’avoir quitté, c’est parce qu’il la harcelait et parce qu’elle avait le cœur sur la main. Elle aimait aider les autres. Elle ne comptait pas revenir, il ne l’a pas supporté… »