Elle obtient le bracelet mais reste en prison à cause du covid-19
Elle obtient le bracelet mais reste en prison à cause du covid-19
Alors que Frank Discepoli a obtenu le bracelet pour une cliente, cette dernière doit rester en prison. – VR, Belga et EG (montage de David Claes)
Par Johanne Tinck
| Publié le 30/04/2020 à 07:00
Alors qu’elle clâme son innocence depuis des mois, une Louviéroise a pu, voici dix jours, obtenir le bracelet électronique mais elle reste en prison à cause du coronavirus et des règles de confinement qui en découlent…
Depuis neuf mois, une trentenaire louviéroise clâme son innocence dans un dossier très délicat… Neuf mois que la jeune femme est incarcérée et que son avocat, Frank Discepoli, bataillent ferme pour qu’elle soit libérée ou tout au moins qu’elle bénéficie d’un bracelet électronique. Ce qui est, enfin, chose faite, du moins pour le bracelet !
Le hic c’est qu’alors que l’avocat a obtenu le bracelet électronique voici dix jours, sa cliente reste sous les verrous, à cause du covid-19. « Le personnel ne va pas installer les boîtiers électroniques dans les maisons où vivront les détenus avec les bracelets car les règles de confinement liées à la propagation du coronavirus ne le permettent pas. Il y a trop de contacts puisque lorsqu’il se rend dans la maison où le détenu va vivre, l’installateur rencontre d’office les membres de sa famille. Ce dernier ne peut, en effet, vivre seul avec le bracelet électronique. Il a donc été décidé de ne plus procéder à de telles installations. Du coup, il est impossible de placer un détenu sous bracelet électronique. » Ce que l’avocat dit pouvoir comprendre.
La décision date du confinement
Frank Discepoli reste toutefois perplexe car la justice prend une décision en cette période et elle ne peut l’appliquer. « Cette décision a été rendue en plein confinement alors qu’elle n’était pas applicable matériellement. En temps normal, il arrive qu’un détenu obtenant la mesure de bracelet électronique ne puisse quitter la prison immédiatement car il n’y a pas assez de bracelets électroniques. Mais, c’est une autre problématique et cela ne dure, en général, que quelques jours. Dans le cas qui concerne ma cliente, cela en fait déjà dix. »
Frank Discepoli trouve la problématique paradoxale. – E.G.
L’avocat espère que les installations pourront à nouveau être effectuées dès le 4 mai. Mais, étant donné que sa cliente ne doit pas être la seule concernée, le nombre de bracelets pourrait alors être insuffisant.
Frank Discepoli trouve, en tout cas, la situation paradoxale : en découle, en effet, inévitablement un problème de surpopulation carcérale. « D’un côté, le confinement inquiète dans les prisons où il est préférable qu’il y ait le moins de monde possible. D’un autre, doivent y rester des personnes pouvant normalement en sortir ! Il est évident que l’on continue à placer sous mandat d’arrêt et que de nouveaux détenus arrivent donc en prison. Mais si ceux qui peuvent sortir doivent rester, le risque de surpopulation carcérale augmente. »
Johanne Tinck